TROIS MOUSQUETAIRES SANS MOUSQUET.

Je m'interroge sur le fait - et les conséquences - que les médias (et les gens en général) parlent très peu des trois autres hommes (Christian, David et Jacques) qui, comme M. Dominique Bernard (RIP), ont fait face, vendredi 13 octobre dernier, à l'assaillant du lycée Gambetta d'Arras.

Tous les trois (deux membres du personnel de cuisine et un Prof d'EPS) ont été blessés, dont deux grièvement ; heureusement leurs jours ne sont à présent plus en danger.

C'est énorme ce que ces quatre hommes ont fait, sans doute mus non par leur raison mais par un je-ne-sais-quoi que certains individus portent en eux, et qui correspond à la définition du courage : 1/ Force morale, fait d'agir malgré les difficultés, énergie dans l'action, dans une entreprise. 2/ Fait de ne pas avoir peur, force devant le danger ou la souffrance. Bon, on pourrait discuter l'affirmation : le courage est "le fait de ne pas avoir peur" - je ne suis pas du tout certaine que ce soit toujours vrai - mais ce n'est pas ce dont je voudrais parler dans ce blabla (et puis, je sais que quand ils sont "trop longs", mes blablas ont peu de chance d'être lus en entier. Eh oui, j'écris aussi pour que ce soit lu.)

J'ai fait le tour d'un certain nombre d'articles de presse et autres vidéos qui causent de cet attentat, tout comme j'ai lu les directives (que l'on peut résumer en un "Démerdez-vous mes braves !) du Ministère de l'EN. Encore une fois, les Profs, tout comme les équipes dirigeantes, vont se retrouver bien seuls face à l'extraordinairement complexe question de : comment parler (et faire parler) aux élèves de ce triste et effrayant événement ? Qui plus est le jour du troisième anniversaire de la mort de M. Samuel Paty. Ce matin, entre huit et dix heures, ça va débattre épais au sein des établissements (en Primaire et Secondaire) en attendant de se retrouver devant les gosses.

Parce qu'il ne s'agit pas que de dire ce qu'il FAUT dire pour donner la possibilité à chacun de certes digérer collectivement cette terrible attaque, mais aussi y réfléchir. Il s'agit par ailleurs, me semble-t-il, de faire comprendre (au sens étymologique du terme : "prendre avec") aux enfants/adolescents l'importance et le pouvoir du collectif qui, s'il peut être une arme redoutable pour détruire, peut également être source de résistance active et efficace. À Arras, l'intervention de ces quatre hommes a très probablement permis que l'assaillant ne fasse pas plus de blessés, de morts et qu'il soit arrêté, vivant.

Rendre hommage à Messieurs Samuel Paty et Dominique Bernard, mille fois "OUI", mais pourquoi ne pas parler dans le même temps de Christian, David et Jacques (leurs noms de famille ne sont pas donnés dans les médias, sans doute pour les protéger) ? Cela permettrait de mettre en lumière deux valeurs que l'individualisme engendré par nos sociétés outrageusement capitalistes a trop tendance à fouler aux pieds : la Solidarité et l'Altruisme (mots que l'on emploie l'un pour l'autre alors que la notion - sociologique - désignée par le premier se manifeste seulement dans un groupe fermé.) Évidemment, il n'est pas question de stigmatiser celles et ceux qui ne sont pas intervenus physiquement lors de l'attaque à Arras... D'ailleurs, pourquoi ne pas parler aussi de celles et ceux - anonymes et dont ce n'est pas le métier - qui ont alertés les secours, tenté de maintenir M. Dominique Bernard en vie, ouvert leurs bras aux personnes qui, choquées, se sont effondrés pendant et après l'attaque ?

Rendre hommage aux morts ET aux vivants... il me semble que cela pourrait offrir aux jeunots et aux jeunotes (à tout le monde en fait) une vision moins inutilement anxiogènissime que celle qu'ils se prennent en intraveineuse cérébrale (#Smartphone) depuis de nombreuses années, et encore plus depuis quelques mois (Ukraine, Moyen-Orient, etc.) Une vision de la réalité, certes menaçante mais aussi rassurante.

FRAGMENTS SENSIBLES ET NON DOGMATIQUES

Par Laflote Sistoux

Bonjour,

j'ai exercé les métiers de journaliste-casteuse TV, d'assistante d'édition, d'attachée de presse politique, de conceptrice-rédactrice avant de passer, à quarante-six ans, le Capes de Lettres modernes et devenir Professeure de Français.

Par ailleurs, je suis auteure. J'ai publié trois livres Jeunesse : deux chez Folio Junior (1998) et un chez Gründ (2014).

Les derniers articles publiés