L'auteur de l'article https://theconversation.com/du-coup-faut-il-arreter-de-dire-du-coup-203978 est normalien de formation (et universitaire). "Normalien"... vous l'entendez la charge de type "grand écart" de ce mot ? N O R M A L I E N... sorte de rencontre fusionnelle entre "normal" et "alien".
Les bla-bla qui ont pour colonne vertébrale la mise en opposition des "progressistes" et des "conservateurs" (parce que c'est un peu ce qui transpire de cet article, non ?) véhiculent l'idée que le monde ne serait que binaire ; cette façon de faire est un peu pénible. De même que sont pénibles les gensses qui évoluent essentiellement dans les hautes sphères et qui viennent expliquer à celles et ceux aux mains dans le cambouis comment il faut, y'a qu'à, faut qu'on... Intérieurement, je leur dis : "FTG !" mais comme j'essaie d'être civilisée, j'écris pour expliquer, parce qu'à l'oral, je pourrais être bien désagréable, voire grossière, donc inaudible.
Vous qui lirez les lignes suivantes le savez, je suis Prof de Français (Lettres modernes, en collège/lycée) et après avoir lu l'article ci-dessous posté, je me suis dit : "Ben voilà ma vieille, quelle conservatrice tu fais. Visiblement, tu ne pipes rien à l'évolution de la Langue Française - ouais je mets des majuscules. Que ne fous-tu la paix à "tes" élèves à propos de "du coup" ?! Bon sang, ces bichons/bichonnes sont la preuve de vie du Français, laissons-les faire comme ils l'entendent !"
Eh bien non, je suis et resterai TENDAX, même après avoir achevé la lecture de cet article, vis à vis de "du coup" employé par "mes" élèves (hop hop hop, je vous rassure immédiatement : je ne les bats pas quand ils l'emploient). Ce n'est pas tant son utilisation qui me crispe que le fait que la grande majorité de "mes" élèves l'utilisent SYSTÉMATIQUEMENT à chaque début de l'une de leurs interventions orales AINSI QUE des leurs rédactions (si tant est que l'on puisse encore appeler ce qu'ils me rendent des "rédactions", mais c'est un autre sujet... enfin non, c'est le même). Quand je leur demande par quoi ils pourraient le remplacer, ils n'ont (en général, évidemment qu'il peut y avoir un ou deux élèves - dans le meilleur des cas - qui a une idée)aucune proposition à faire. Et c'est ça qui CRAINT. Je ne leur interdis pas de dire "du coup" (de toute manière comment le pourrais-je ?!) à l'oral (à l'écrit, je sanctionne), mais 1/ je les reprends pour leur faire prendre conscience du fait qu'il le colle à toutes les sauces et 2/ je leur donne d'autres mots/expressions à utiliser en alternance.
Perso, j'aime le langage des ados : si créatif, si drôle, si vif. Il faut le suivre quasi minute par minute tant les mots dont il est pétri atteignent des sommets de popularité pour retomber dans l'anonymat sans que l'on sache vraiment pourquoi. Je me suis déjà pris une brave honte (je m'en suis remise, merci de vous inquiéter) il y a quatre ou cinq ans en utilisant le mot "swag" devant une classe de Seconde alors que dans les semaines précédentes, je l'entendais encore dans les couloirs du bahut.
Je ne résiste pas à "du coup" (et autres "de base", "genre", "je vais vous partager", "askip", j'en passe et des plus réjouissants les uns que les autres) en soi, je résiste à son utilisation massive, sans nuance, et à la place d'autres mots/expressions qu'il est bon (#Euphémisme) que nos jeunes connaissent et emploient, histoire d'entretenir la souplesse de leurs cervelles et la capacité à voir le monde sous moult angles différents. Les jeunes ont toujours eu leur langage à eux (moi en mon temps, comme les autres), mais - et c'est ce que je leur explique - il est nécessaire qu'ils aient et maîtrisent les outils (au sens large) de la langue commune. Et, aujourd'hui plus que jamais, étant donné le chaos qui règne à l'École (et dans les têtes des gosses), c'est moyennement bien parti ; mais pas comme il y a une trentaine d'années, non, on est monté sur la marche du dessus. Ce serait super de s'en rendre compte (ça commence, mollement) et surtout de trouver comment endiguer le torrent dans lequel "nos" jeunes sont emportés. Bonne journée.
PS : j'ai l'air un peu alarmiste là comme ça, mais faut savoir que je fais en sorte de rester la plus mesurée possible en fait.