GUERRE ET LUTTE.

Le bla-bla de 6h10.

GUERRE (définition du CNRTL – Centre national de ressources textuelles et lexicales, hélas laissé à l’abandon des mises à jour depuis 2012) : Subst. fém. Situation conflictuelle entre deux ou plusieurs pays, états, groupes sociaux, individus, avec ou sans lutte armée.

GUERRE (dictionnaire de l’Académie française, extraits) : Nom fém. Conflit entre deux nations, qui se vide par la voie des armes ; action d’un peuple qui en attaque un autre, ou qui résiste à une agression, à une invasion, etc. Désigne aussi l’Art militaire, la connaissance des moyens que l’on doit employer pour faire la guerre avec avantage. Fig. et fam., Faire la guerre à quelqu’un [ajout de ouam – putain, on va penser que j’ai pris le globe – qui peut être soi-même] : lui faire constamment des réprimandes, des observations sur quelque chose. Se dit aussi en parlant des Bêtes qui en attaquent d’autres pour en faire leur proie.

Comme c’est le cas de tant et tant de personnes, les images de la guerre israélo-palestinienne qui nous parviennent via les médias me hantent et si je ne coupe pas le flux à temps, me donnent la nausée. Cela fait deux jours que mon corps, lorsqu’il est au repos, manifeste des signes de ce que l’on appelait autrefois « spasmophilie » (la dernière fois que j’ai ressenti cela, pitaing, je devais avoir une vingtaine d’années ; trente ans bordel !). Je sais que ce que mes muscles se contractant indépendamment de ma volonté tentent de rejeter est, oui, cette guerre (j’ai eu envie de la qualifier d’« atroce », mais toutes les guerres ne le sont-elles pas ?), tout comme celle entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que toutes celles dont les médias jugent bon de nous faire savoir qu’elles existent (bien que, à part les deux citées plus avant, tout le monde - presque, ne généralisons pas - s’en cogne). S’ajoute à cela la situation mondiale générale : la pauvreté galopante, la mort de gens qui exercent un métier qui ne devrait pas être dangereux pour la Vie, l’état de la Jeunesse (pour qui je me fais grand souci), les catastrophes naturelles qui s’intensifient et qui ne provoquent pas vraiment de mesures pourtant urgentes de la part des gouvernements d’ici et d’ailleurs, etc.

J’en viendrais presque à envier celles et ceux qui sont dans une forme de déni, et j’envie celles et ceux qui arrivent à encaisser ce torrent de merde(s), même si je me demande si, à un moment ou à un autre, leurs barrages ne finiront pas par céder à force de résister, minuscules face à la puissante violence avec laquelle nous parviennent les « nouvelles ». Une violence due à l’arrivée massive dans nos yeux/oreilles, tant “spatialement” que temporellement (les deux dont les frontières sont floutées par la virtualisation des échanges) d’images et de sons plus ou moins accompagnés d’analyses – qui permettent de tenir salutairement à distance par la mise en pensée – elles-mêmes plus ou moins pertinentes. On se prend trop de « trucs » dans la gueule, et sur un tempo trop rapide. Les catastrophes n’ont pas lieu que dans la nature. 

Hop, hop, hop, me voilà au bord de m’auto-embarquer dans des digressions – comme d’hab’ – alors que ce billet est censé blablater sur « la Guerre ». Recentrage meuf !   

La Guerre donc. Y a-t-il eu seulement une période de l’histoire de l’humanité où elle ne s’est pas invitée ? Je ne suis pas historienne, mais je crains, intuitivement (et aussi avec les quelques souvenirs que je garde de ma scolarité), de ne pas dire une énorme connerie en écrivant que non. On peut en être révolté, triste, désespéré, tétanisé, sidéré, mais on ne peut pas s’en étonner : notre histoire commune nous rappelle que ce n’est pas un fait nouveau, c’est le moins que l’on puisse dire/écrire. Et, pourtant, nous ne parvenons pas, collectivement, à faire disparaître ce poison. De plus, ce que l’on peut regretter, c’est que la Guerre remplace la Lutte au fur et à mesure que l’on sort de l’Enfance. Bien sûr il doit y avoir des contre-exemples, mais il ne me semble pas que les tout petits enfants se fassent la guerre entre eux (quand ils le font c’est pour jouer et ce jeu n’existe sans doute que dans un mimétisme moyen moins de ce qui leur parvient du monde des adultes), pas plus qu’ils ne se tuent entre eux, en tout cas pas autrement que par accident. A-t-on déjà vu un tout petit enfant s’acharner sur un autre (je ne parle pas ici des enfants au sein d’une fratrie, dans ce cas-là, il y a bien d’autres choses qui se jouent, souvent sous le regard des parents d’ailleurs) ? Toutes les fois où j’ai vu de mes yeux vus des petits enfants en présence les uns des autres, très rapidement, ils se mettent à jouer et s’ils en viennent à convoiter un même objet, ils se tapent rarement sur la tronche jusqu’à ce que mort s’ensuive. Évidemment, on pourra m’opposer ici que s’ils n’en viennent pas là, c’est parce que les adultes présents interviennent. C’est possible, mais je ne mettrais pas une partie de mon anatomie en jeu quant au fait qu’ils en viendraient à cette extrémité s’ils étaient seuls.  

Je pense ici à la pièce de Théâtre de Yasmina Reza, Le Dieu du carnage. Celle-ci commence sur un affrontement physique entre deux gamins de onze ans (qui ne sont donc plus de tout petits-enfants) qui en laissent un des deux légèrement blessé. La pièce donne à voir la façon dont ça va partir en sucette épais entre les deux couples de parents concernés qui cherchent à trouver une issue civilisée (ha ha ha) au conflit, plus dans leur intérêt d’ailleurs que dans celui des enfants. Je ne me souviens plus de comment se termine la pièce, mais pour ce qui est du film, la dernière séquence, pendant que défile le générique, montre les deux gamins en question jouant à nouveau ensemble.   

LUTTE (définition du CNRTL) : Nom fém. Action de deux adversaires qui luttent, se battent ou combattent corps à corps pour répondre à une attaque, pour triompher l'un de l'autre, par jeu, dans la pratique d'un sport ou pour régler un différend. 

LUTTE (dictionnaire de l’Académie française, extraits) : Nom fém. Exercice ou combat où deux adversaires s’affrontent à mains nues, chacun cherchant à terrasser l’autre. Affrontement entre des forces rivales. Action énergique, effort soutenu par lesquels on combat ou défend quelque chose.

Lutter. Faire la guerre. Ce n’est pas la même chose, n’est-ce pas ? La Guerre c’est la Mort. La Lutte c’est la Vie. Ne venons-nous pas au monde en luttant pour s’extraire du ventre de notre mère dont le corps à ce moment-là est notre adversaire complice et accompagnant ? Il est bon qu’il y ait lutte puisqu’elle est la condition sine qua non de l’équilibre et, surtout, de la possibilité de son maintien, aussi fragile et sans cesse menacé soit-il. Mais, pour que la Lutte ne se transforme pas en Guerre sous l’influence de nos dysfonctionnements (qui, quand ils ne sont pas accompagnés dès le départ, s’aggravent toujours), il faut qu’il y ait respect de la Vie, donc É D U C A T I O N. Et je ne parle pas ici seulement de celle délivrée par les parents qui, bichettes, sont si souvent laissés seuls face à cette tâche ô combien difficile ; nous qui avons des enfants, nous le savons bien. Je parle ici d’une Éducation collective, pas n’importe laquelle, pas une conçue à la va-comme-je-te-pousse avec des moyens qui feraient rire s’ils ne faisaient pas pleurer. Hélas, quand on voit que notre dernier Ministre de l’EN en date n’a rien trouvé de mieux pour inaugurer sa nomination à cette noble fonction que de pondre cette débilité de truc (je ne sais même pas comment l’appeler) à propos de l’abaya ! Putaing, c’que ça craint !

Je pourrais écrire encore un moment à propos de tout ceci, mais j’ai la dalle et comme j’ai la chance de pouvoir satisfaire ce besoin, je vous laisse. À bientôt j’espère. 

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FRAGMENTS SENSIBLES ET NON DOGMATIQUES

Par Laflote Sistoux

Bonjour,

j'ai exercé les métiers de journaliste-casteuse TV, d'assistante d'édition, d'attachée de presse politique, de conceptrice-rédactrice avant de passer, à quarante-six ans, le Capes de Lettres modernes et devenir Professeure de Français.

Par ailleurs, je suis auteure. J'ai publié trois livres Jeunesse : deux chez Folio Junior (1998) et un chez Gründ (2014).

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